Les Ostensions 2009 par Jacques Plainemaison

Au sujet des ostensions

 

Les membres d’une des commissions du comité des ostensions de Saint-Léonard-de-Noblat ont consacré un peu de temps à réfléchir à ce que représentaient les ostensions caractéristiques de notre province. Nous inspirant de leur réflexion, nous avons identifié trois composantes ou dimensions, presque d’égale importance, de ces ostensions dont le retour est pour demain (2009) : la dimension religieuse, la dimension patrimoniale et la dimension conviviale.

La composante religieuse est essentielle, évidemment. Que furent les premières ostensions, en 994 à Limoges ou en 1094 à Saint-Léonard, quand sévissait le mal des ardents ? Un appel au secours qui s’adressait à Dieu par l’intermédiaire de ses saints. Quand le canal du prêtre ne suffit plus et que Dieu paraît sourd à l’appel des hommes, il reste les saints. Comme ultime recours. Voici quelle fut à peu près cette prière populaire collective, telle que nous pouvons l’imaginer : « Voyez, Seigneur, nous n’en pouvons plus de souffrir. Ces saints vous ont fait don de leur vie, et parfois de leur mort. Ce que vous ne faites pas pour nous, faites-le pour eux. Si vous n’écoutez pas notre prière, écoutez la leur. » Et Dieu entendit ce cri.

Aujourd’hui, alors que les ostensions sont devenues septennales depuis le XVIe siècle, on a affaire à des ostensions « ordinaires », qui tiennent plus de l’action de grâces que de l’appel au secours. Les saints ne sont plus sollicités comme témoins de la détresse humaine, mais invoqués comme intercesseurs. La prière, dont les saints nous ont donné l’exemple, ne cesse pas pour autant d’être fervente. Et, si l’urgence ressentie collectivement n’est plus le moteur de cette prière, combien de situations individuelles douloureuses sont source d’une forme d’urgence individuelle qui peut trouver à s’exprimer à travers elle !

Ayant lieu tous les sept ans, les ostensions font désormais partie de notre patrimoine. Elles participent de l’identité limousine, ou plutôt elles la fondent. Elles ne sont pas un spectacle, même si elles peuvent être spectaculaires, mais elles constituent un rituel fondateur, pour la préparation et le déroulement duquel le peuple limousin se rassemble et dans lequel il se reconnaît. Les ostensions limousines sont comparables à ces grand-messes, rassemblant plusieurs milliers de personnes, que célébrait Jean Paul II au cours de ses déplacements, aux grands pèlerinages – Lourdes, Saint-Jacques-de-Compostelle, Fatima –, fondateurs de l’identité chrétienne.

Enfin, les ostensions rassemblent, non pas une foule anonyme, mais un peuple : on processionne ensemble le jour de l’ostension solennelle, mais auparavant on a décidé ensemble de tout au sein des comités des ostensions, ensemble on a décoré ou orné des rues, des quartiers et, pour fabriquer les fleurs qui serviront à orner ces rues, ces quartiers, on s’est réuni le soir, après le travail, pendant de longues heures. Du début à la fin, chacun a été au service du groupe et de l’objectif à atteindre : la célébration du saint, notamment par des tableaux qui évoquent sa vie, ses miracles, son charisme.

Ainsi, par des activités qui intéressent à la fois l’homme et le chrétien, se réalise la communion entre Dieu et les hommes, entre le passé et le présent, entre tous ceux qui participent à la fête, union qui est, au sens théologique du terme, la communion des saints, à laquelle nous croyons.

 

Jacques Plainemaison

Président de la fédération des confréries limousines

Publié dans Réflexions

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :